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Du chocolat

Document à la une de janvier et février 2023

Cartes publicitaires chromolithographiées de la maison Saintoin Frère, 1870-1920.
Cartes publicitaires chromolithographiées de la maison Saintoin Frère, 1870-1920.

 (Arch. dép. du Loiret, 15 FI 2)

Janvier. De retour au travail après les vacances de Noël, il est maintenant l’heure de déguster les bons chocolats que vous avez dû recevoir en cadeau. Un moment de plaisir que vous pouvez partager en famille… et avec ce document à la une qui stimulera peut être vos papilles !

L’arrivée du cacao en France

Les premiers chocolats arrivent à la cour de France lors du mariage de Louis XIII avec Anne d’Autriche en 1615. Ils sont alors consommés sous forme de boissons. Cette denrée est à l’époque considérée comme luxueuse, et son importation est récente pour des européens qui n’ont découvert le nouveau monde qu’un siècle plus tôt. Dans la Mémoire sur la Guyane française datée de 1775, l’intendant des colonies et ordonnateur à Cayenne César Jacques Delacroix décrit l’avancée des connaissances sur la culture de ces fèves : « Le cacao est la quatrième denrée particulière à la Guyane…. mais aujourd’huy que l’on sait que cette denrée aime l’ombre, la pente des montagnes, l’abbry du vent, et d’avoir les pieds dans l’eau, cette culture reprend… On en espère annuellement 800 quintaux ». « Planté dans toute sorte de terre », le cacao est encore, un siècle et demi après le mariage de Louis XIII et Anne d’Autriche, une culture expérimentale qui n’a pas révélé tous ses secrets !

Extrait de la Mémoire sur la Guyane française rédigé par M Delacroix, intendant des colonies, 1775.
Extrait de la Mémoire sur la Guyane française rédigé par M Delacroix, intendant des colonies, 1775.

 (Arch. dép. du Loiret, 12 J 54)

Un chocolatier orléanais : Saintoin

Une fois récolté, le cacao est acheminé en France par bateau, et arrive jusqu’à Orléans par la Loire. Fondée en 1760 par deux frères, la maison Saintoin est une des premières entreprises du Loiret à s’intéresser à cette denrée. À l’origine fabricante de vinaigres, l’entreprise diversifie son activité et se met à faire du chocolat. Installée rue de Bourgogne et rue Royale, elle utilise une machine dite zoolique (ce qui signifie littéralement qu’elle fonctionne en manège à l’aide d’animaux) pour confectionner des tablettes de chocolats dites de santé (nature ou à la vanille) et analeptique (au lichen ou lait d’amande). Elle en propose même à sa clientèle sous forme de pastille !

Publicité Saintoin-Leroy avec une lithographie d’une machine zoolique utilisée pour broyer le chocolat, XIXe siècle.
Publicité Saintoin-Leroy avec une lithographie d’une machine zoolique utilisée pour broyer le chocolat, XIXe siècle.

(Arch. dép. du Loiret, 2 J 2025) 

Pour se faire connaître, la maison Saintoin frères utilise une technique se répandant peu à peu dans l’hexagone depuis le milieu du XIXe siècle : la chromolithographie. Ces petites cartes distribuées par les commerçants, appelées couramment chromos, sont plus particulièrement destinées aux enfants. L’objectif était de faire entrer les chocolats dans les foyers, et, telles des images de collection, de fidéliser la clientèle par l’envie qu’avaient les enfants de compléter leur album. Cela constitue les fondations de ce qui deviendra plus tard la publicité ! L’entreprise prospère ainsi dans la même famille jusqu’à son rachat en 1911 par Fernand Borne et Fernand Mercier. Elle cessera définitivement son activité de chocolatier en 1959, mais reste à ce jour une référence dans le paysage industriel loirétain.

Publicité Saintoin dans l’almanach du Loiret, 1855. 1 2
Publicité Saintoin dans l’almanach du Loiret, 1855.

(Arch. dép. du Loiret, BH P 152 / 58b)

Boîtes de chocolat Saintoin, fin XIXe siècle. 2 2
Boîtes de chocolat Saintoin, fin XIXe siècle.

(Arch. dép. du Loiret, 0 FI 52)

Images publicitaires du chocolat Saintoin : jeune garçon en costume de cavalier, XXe siècle.
Images publicitaires du chocolat Saintoin : jeune garçon en costume de cavalier, XXe siècle.

(Arch. dép. du Loiret, 5 FI 346)

Au bureau des douanes d’Orléans

Une source qui témoigne de l’activité chocolatière de notre région est le bureau des douanes d’Orléans. Ce registre daté de 1913 recense tous les arrivages de cacao pour la société Borne et Mercier (mais également pour la encore célèbre marque Poulain), et surtout, dans un souci de traçabilité évident, la provenance des ces précieuses fèves.

Registres sommiers d'entrée et de sortie de l'entrepôt concernant le café, cacao, poivre en grains et sucre, 1913. 1 2
Registres sommiers d'entrée et de sortie de l'entrepôt concernant le café, cacao, poivre en grains et sucre, 1913.

(Arch. dép. du Loiret, 5 P GF 1173)

Registres sommiers d'entrée et de sortie de l'entrepôt concernant le café, cacao, poivre en grains et sucre, 1913. 2 2
Registres sommiers d'entrée et de sortie de l'entrepôt concernant le café, cacao, poivre en grains et sucre, 1913.

(Arch. dép. du Loiret, 5 P GF 1173)

Nous remarquons avec ce document que le cacao provenait principalement des régions équatoriales du globe : Côte d’Or en Afrique et notamment Accra, capitale du Ghana ; Saint Thomé, île situé non loin de la côte ouest de l’Afrique ; Para situé au nord du Brésil ; Guayaquil en Equateur ; Gabon ; Pointe à pitre en Guadeloupe ; et bien évidemment Cayenne. Des navires remplis de centaines de sacs de cacao arrivaient ainsi à bon port !

Pour aller plus loin

Tous les deux mois, les Archives départementales du Loiret mettent en valeur un document extrait des fonds, présenté dans le hall du Site des archives historiques et généalogiques, 6 rue d'Illiers, Orléans. Découvrez tous les documents à la une.


Bibliographie

(Bibliothèque des Archives départementales du Loiret, BH M/3011)

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