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Tomber dans le panneau

Document à la une de l'été 2022

Rue de Châteaurenard, panneau « Automobiles ralentir 12 Kiltres à l’heure », vers 1900-1920.
Rue de Châteaurenard, panneau « Automobiles ralentir 12 Kiltres à l’heure », vers 1900-1920.

 (Arch. dép. du Loiret, 25 Fi 58)

En ces temps de départs en vacances, nous ne saurions que trop vous conseiller de faire attention sur la route ! Et donc de bien suivre les indications écrites sur les panneaux de signalisation, que vous soyez en voiture, à moto, ou même à cheval... Tombons, avec ce document à la une, dans le panneau !

De la variété à l’harmonisation

Commençons par rembobiner le cours du temps. C’est sous le Second Empire et par une circulaire de 1835 que commence l’installation de bornes qui constituent alors la signalisation dite de jalonnement. Elle est complétée dans le même temps par celle dite directionnelle qui désigne, comme son nom l’indique, les directions vers lesquelles se diriger, ou encore le nom des communes sur lesquelles un individu, le plus souvent à cheval, pénètre. Ce sont les prémices de la signalisation routière officielle.

Comme le montre cette lettre du ministère des travaux publics aux préfets, l’Union vélocipédique de France s’inquiète en 1899 de la variété des panneaux rencontrés, notamment d’un département à l’autre. Elle réclame, à raison, que ces panneaux de signalisation soient uniformisés. Or, il se trouve qu’une autre association de vélocipédistes, le Touring Club de France, s’était déjà emparé du sujet. Le débat est ouvert !

Lettre du ministre des Travaux Publics aux préfets sur les panneaux de signalisation routière, 1899.  (Arch. dép. du Loiret, 1 S 39241)
Lettre du ministre des Travaux Publics aux préfets sur les panneaux de signalisation routière, 1899. (Arch. dép. du Loiret, 1 S 39241)

Les pouvoirs publics travaillent donc à l’homogénéisation de leurs signaux routiers. Pour répondre à cette demande, et aussi défendre l’industrie de l’automobile en plein essor, l’État fait appel à une société bien connue : Michelin. Voici l’exemple des fameuses plaques en béton qui ont été posées sur nos routes, des années 1930 jusqu’en 1971, année où l’entreprise à cessé la production.

Photographie d’une plaque Michelin sur la commune de Beaulieu-sur-Loire.
Photographie d’une plaque Michelin sur la commune de Beaulieu-sur-Loire.

 (Arch. dép. du Loiret, 25 Fi 10)

La signalisation de police

Le temps passe et la circulation devient plus dense avec le développement économique. L’usage des véhicules à moteur se répand. La première moitié du XXème siècle voit apparaître la signalisation dite de police, qui permet de rendre plus sûre la circulation routière et de faire diverses prescriptions de sécurité. Le préambule de l’instruction interministérielle sur la signalisation routière prévue par l’arrêté ministériel du 22 juillet 1954 et retranscrit dans le Journal officiel (page 25) expose le fait suivant : « La signalisation routière acquiert une importance de plus en plus grande au fur et à mesure que se développe la circulation et que les vitesses moyennes des véhicules automobiles augmentent ». Ce sujet avait maintes fois été débattu avant la Seconde Guerre mondiale : les accidents sont légions depuis le début du XXème siècle. En juillet 1954, l’instruction précise dans « les détails la nature des signaux et leurs conditions d’implantation ». Cette signalisation est classée selon ses objectifs : limitation de vitesse, indication de danger, fin de prescription, etc... Un accident mortel aux Bordes, relaté dans l’article de journal présenté ci-dessous, est étudié. L’accidentologie donne lieu à des actions de terrain : la mise en place d’un nouveau panneau par exemple.

Article de journal relatant un accident routier mortel sur la commune des Bordes, [1960].
Article de journal relatant un accident routier mortel sur la commune des Bordes, [1960].

(Arch. dép. du Loiret, 206 W 46412)

Croquis d’un panneau destiné à renforcer la signalisation au carrefour des Bordes au croisement de la RN152 et de la RN451, 1938.
Croquis d’un panneau destiné à renforcer la signalisation au carrefour des Bordes au croisement de la RN152 et de la RN451, 1938.

(Arch. dép. du Loiret, 206 W 46412)

Il est également important de noter qu’au début du XXème siècle, les voitures et les chevaux empruntent conjointement les routes de notre département. Plusieurs accidents sont signalés, le bruissement des moteurs affolant les chevaux. Une cohabitation dangereuse qui a, de nos jours, (pratiquement) disparu.

Des panneaux dans tous les sens

Pour terminer ce document à la une, rien de tel qu’un petit florilège de panneaux de signalisation. Certains témoignent d’une autre époque, d’une utilisation différente de la route. D’autres ont accompagné des périodes difficiles de notre histoire.

Signalisation béton « Bléneau Briare » à Ouzouer-sur-Trézé, [1900-1920]. 1 3
Signalisation béton « Bléneau Briare » à Ouzouer-sur-Trézé, [1900-1920].

(Arch. dép. du Loiret, 25 FI 180)

Panneau « Chartres Paris » dans Orléans après les bombardements de 1940, 19 juillet 1940. 2 3
Panneau « Chartres Paris » dans Orléans après les bombardements de 1940, 19 juillet 1940.

(Arch. dép. du Loiret, 47 FI 2)

Panneau « Rue interdite aux piétons » après des bombardements, 1940. 3 3
Panneau « Rue interdite aux piétons » après des bombardements, 1940.

 (Arch. dép. du Loiret, 74 FI 0002)

Le saviez-vous ? 

Sur les routes circulent des véhicules en tout genre qui doivent être identifiés par une plaque dite minéralogique. Mais pourquoi utilise-t-on ce terme ?

Parce que le premier secteur industriel qui a fait appel à l’identification de masse, dès le XVIIIème siècle, de son matériel roulant, est celui des mines. D’où les plaques « minéralogiques ». Ce système s’est étendu plus tard au secteur du chemin de fer, puis à celui de l’automobile. À l’époque, il était même d'usage de dire « je dois passer aux mines » pour signifier qu’on allait faire immatriculer son véhicule.

Vous pouvez aussi consulter le fonds de l’Arrondissement minéralogique de Paris I, subdivision d'Orléans (1922-1929) pour vérifier ces dires.

Pour aller plus loin

Tous les deux mois, les Archives départementales du Loiret mettent en valeur un document extrait des fonds, présenté dans le hall du Site des archives historiques et généalogiques, 6 rue d'Illiers, Orléans. Découvrez tous les documents à la une. 

Bibliographie

Instruction interministérielle sur la signalisation routière du 22 juillet 1954./£. - Paris : impr. nat., 1955. - 80 p. : 21 cm.

(Bibliothèque des Archives départementales du Loiret, BH BR 16970)

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