Les bandits des Aubrais
En mars 1920, une affaire ébranla la région orléanaise. Ce document à la Une revient sur ce drame digne des films de gangsters, qui vit la gare des Aubrais devenir le théâtre d’un affrontement meurtrier.
Il y a 100 ans, à la gare des Aubrais
Depuis quelques jours, les trains de marchandises de la gare des Aubrais, qui contiennent des denrées et étoffes, font l’objet de convoitises et de pillages. La nuit du 26 au 27 mars 1920, des bandits qui n’étaient jusque là que de banals voleurs, vont se transformer en meurtriers… Les surveillants Juzet et Crajon, repérant des individus suspects, préviennent la gendarmerie. Mais, impatients d’en finir, ils décident de procéder à l’interpellation sans attendre, armes à la main. C’est à ce moment que tout bascule : une fusillade s’engage entre les deux parties. Dans la confusion, un employé de la gare, se précipite sur les lieux. Une balle perdue l’atteint en plein cœur. Voici la première victime de cette affaire. Quant aux malfrats, ils réussissent à prendre la fuite dans une camionnette et une torpédo, véhicule décapotable typique du début du XXème siècle, en direction du Nord.
L’intervention des forces de l’ordre
Les forces de l’ordre s’organisent. Un barrage est installé sur la route de Paris, non loin d’Artenay. Voyant l’embuscade tendue par les gendarmes, les fugitifs en camionnette évitent le barrage en faisant une embardée. La torpédo se présente à son tour et une nouvelle fusillade éclate. Cette fois, c’est un bandit qui, atteint lui aussi d’une balle, s’effondre : Charles Grout est la deuxième victime de cette sombre histoire. Un autre est arrêté : Georges Kiffer. Les autres complices réussissent à s’échapper à pied dans les champs et grâce à l’obscurité de la nuit. Les autorités découvrent alors dans les coffres des véhicules abandonnés révolvers et armes blanches. Un avis de recherche est lancé le lendemain. Les suspects sont aperçus dans une auberge à Péronville. La gendarmerie intervient aussitôt. S’engage alors une troisième fusillade. Les bandits tentent de prendre une nouvelle fois la fuite, mais l’un d’eux est touché à la jambe : Jean Gaston Rouchy. Un autre, encerclé et pris au piège par les autorités, met fin à son existence en se tirant une balle dans la tête : Henri Isaac. Ce samedi 27 mars 1920 à 20h00 constitue le dénouement, fatal, de cette course poursuite. Le bilan est sans appel : 3 morts et 1 blessé.
Un procès médiatique
Le procès a lieu près d’un an plus tard, du 31 janvier au 3 février 1921. Se trouvent notamment dans le box des accusés Georges Kiffer, le conducteur de la camionnette, et Jean Gaston Rouchy, boitant encore de sa blessure à la jambe. Ils avouent que tout était préparé à l’avance. L’équipe a notamment fait une expédition de reconnaissance en s’arrêtant dans une auberge à la Montjoie près de Saran. L’affaire est très médiatisée dans les journaux qui la désignent comme celle des « bandits des Aubais ». Le compte-rendu du procès paraît chaque jour dans le Républicain Orléanais. La population se passionne pour ces bandits et le dernier jour d’audience, consacré à la proclamation du verdict, voit la salle bondée comme rarement. Au quatrième jour, la peine est prononcée. Comme il est indiqué sur le registre d’écrou, Kiffer et Rouchy sont respectivement condamnés à 10 ans de réclusion et aux travaux forcés à perpétuité. Une condamnation lourde pour Rouchy qui, récidiviste, n’en était pas à son premier coup d’essai.
Bibliographie
NOURISSON (Pascal), les grandes affaires criminelles du Loiret, 2008, 337 pages.
(Bibliothèque des Archives départementales du Loiret, BH O /7098)
Le saviez-vous ?
Un meurtre a été commis au sein même des Archives départementales du Loiret. Dans le cloître des Minimes pour être plus précis. Cela s’est passé en 1957. Si vous voulez en savoir plus, lisez cet article de presse.
Au matin du mercredi 12 juin 1957, on découvre dans le cloître des Minimes, le corps assassiné de Moïse Bonboire. Cet article, paru dans La République du Centre le lendemain du meurtre, aborde deux sujets distincts. Tout d’abord, il relate les premiers instants de l’enquête (l’identification du mort, les interrogatoires et la recherche des premiers suspects). Ensuite, il informe sur l’état du cloître. En juin 1957, les travaux de reconstruction du bâtiment des Archives se terminent. Mais, il n’en est pas de même pour le « charmant petit cloître » qui contient un « amoncellement de pierre provenant des monuments historiques détruit en 1940, des morceaux de bois pourris et des tas d’immondices infects » et « sert de repaire à des clochards et à une pègre que la police chasse parfois ». Vous voulez connaître le nom du coupable ? Venez consulter la presse locale aux Archives départementales.
Pour aller plus loin
Tous les deux mois, les Archives départementales du Loiret mettent en valeur un document extrait des fonds, présenté dans le hall du Site des archives historiques et généalogiques, 6 rue d'Illiers, Orléans. Découvrez tous les documents à la une.