Eloigné des zones de combat, Genevoix rédige et publie en pleine guerre un récit de son expérience au front.
« Sous Verdun », premier récit de sa présence au front, lui fut demandé avec insistance par Paul Dupuy, secrétaire général de l’Ecole Normale. L’expérience de la violence extrême des combats, celle de la mort de son ami Porchon et de la majorité des soldats de sa section, nourrissent la rédaction de cet ouvrage très précis et riche de détails concrets. Paru en 1916, le ton juste et sans fard n'est pas de mise en pleine guerre ce qui vaut au texte de subir de nombreuses censures. Si Genevoix en est violemment heurté, cela contribue à attirer l'attention du public averti sur l'authenticité du récit.
Ce premier tome sera suivi de quatre autres, rassemblés en 1949 sous le titre de « Ceux de 14 ».
L'auteur est servi par une mémoire exceptionnelle, particulièrement auditive. Il nous livre un récit détaillé de la vie au 106e R.I., un témoignage, entièrement habité par les individus qu’il a côtoyés. Il a su les voir, les entendre, s’en émouvoir, et sait remarquablement les évoquer par une simple anecdote, une citation, parfois presque phonétique. C’est en fait un morceau de la France de l’époque qu’il fait revivre, dans le contexte omniprésent de la guerre qui frappe chacun et l’amène à tenter de s’adapter selon sa personnalité et ses moyens.