Adrienne Bolland triomphe de la Cordillère des Andes
Revivez à travers cette exposition virtuelle une performance de haute volée !
Le Loiret célèbre, le 1er avril, les cent ans de la traversée de la Cordillère des Andes par Adrienne Bolland, première femme à réussir cet exploit. Retour avec ce « Document à la Une » sur cet évènement qui a eu un impact retentissant en France et en Amérique latine.
Une femme pilote indépendante… et loirétaine
Adrienne Bolland naît le 25 novembre 1895 à Arcueil dans le Val-de-Marne. Cadette des sept enfants d’Henri Boland 1, journaliste et écrivain géographe, et de Marie Joséphine Pasques, elle passe une partie de sa jeunesse dans la propriété des Charmettes à Donnery. Le décès de son père en 1909 laisse sa famille dans une situation matérielle difficile. De nature indépendante, anti-conformiste et ne voulant pas représenter une charge financière pour sa famille, Adrienne décide de se lancer dans l’aviation. Elle s’inscrit alors à l’école d’aviation des frères Caudron, située au Crotoy dans la Somme, où elle obtient son brevet de pilote-aviatrice le 26 janvier 1920 seulement deux mois après son baptême de l’air. Elle est la treizième femme à l’obtenir.
1 Le patronyme d’Adrienne Bolland prend deux « L » tandis que celui de son père n’en prend qu’un. Il s'agit possiblement d'une erreur d'état civil. Vous pouvez voir sur l'acte de mariage d'Henri Boland avec Marie Pasques que la signature de l'époux contient un "L" tandis que le nom sur l'acte en comporte deux. En ce qui concerne Adrienne, il se dit également qu’il fallait deux « L » pour voler en avion. C’est en tout cas un jeu de mot qui était et est toujours utilisé pour justifier cette erreur orthographique !
- Pour consulter l’inventaire des documents du fonds Adrienne Bolland, cliquez ici .
- Tous les deux mois, les Archives départementales du Loiret mettent en valeur un document extrait des fonds présenté dans le hall du Site des archives historiques et généalogiques, 6 rue d'Illiers, Orléans. Découvrez tous les documents du mois.
- Sur le thème de l’aviation, écoutez la conférence "Raymond Vanier, journal d'un pilote de guerre orléanais" du 21 février 2018, par François Bordes, historien, conservateur en chef du patrimoine, inspecteur général du patrimoine.
- Retrouver un panneau de présentation d’Adrienne Bolland ci-dessous :
Bibliographie
- BÉRY (Coline), « L'air sauvage, Adrienne Bolland (1895-1975) », 2017, 291 p. (Bibliothèque des Archives départementales du Loiret, référence BH O/8281)
- BÉRY (Coline), « Adrienne Bolland ou les ailes de la liberté », 2016, 335 p. (Bibliothèque des Archives départementales du Loiret, référence BH P/4883)
- BÉRY (Coline), « Le matricule des oiseaux à la recherche des deux avions légendaires d'Adrienne Bolland », 2015, 85 p. (Bibliothèque des Archives départementales du Loiret, référence BH BR/16881)
- LHERMITTE (Pierre), « Adrienne Bolland l'intrépide aviatrice », 1977 (Bibliothèque des Archives départementales du Loiret, référence BH BR/9859 b)
- SICOT (Nicole), « Adrienne Bolland, une Loirétaine éprise de liberté, féministe convaincue, l'intrépide déesse des Andes », 2018, 7 p. (Bibliothèque des Archives départementales du Loiret, référence BH BR/17005)
De la publicité dans l'air
Engagée par René Caudron en tant que pilote d’essai, Adrienne Bolland part pour l’Argentine en octobre 1920 pour effectuer des vols de démonstration. Elle embarque sur le paquebot « Lutetia » à Bordeaux et arrive à Buenos Aires trois semaines plus tard. Les voltiges publicitaires débutent et la presse locale suit de près ses péripéties. Sa popularité prend alors de l’essor, auprès notamment des femmes du pays. Une rumeur enfle : la véritable raison de la présence d’Adrienne Bolland dans le pays serait la traversée la Cordillère des Andes. Ce qui n’est pas totalement faux puisque cette idée trottait effectivement dans l’esprit naturellement aventureux de l’aviatrice. Piquée au vif, elle relève le défi, près de 5 mois après son arrivée sur les terres sud-américaines.
Une histoire de looping
En 1920, Adrienne Bolland est employée par la maison Caudron en tant que pilote d’essai, elle rêve de posséder son propre appareil. Son patron lui offre cette possibilité en la défiant de faire un looping avec un avion. Elle en réalise finalement deux, faisant d’un F-ABEW Caudron G3 sa propriété ! Quatre ans plus tard, en 1924 donc, se souvenant de ce moment important de sa vie, elle décide de battre le record du nombre de loopings dans le ciel d’Orly. Elle en exécutera 212 en moins de 75 minutes, seulement stoppée par des fils de bougies qui claquent. Un exploit de plus dans la carrière d’Adrienne Bolland !
Une traversée épique de la Cordillère des Andes
C’est ainsi que le 1er avril 1921, âgée de 25 ans, Adrienne Bolland accomplit un exploit inimaginable pour l’époque. Elle décolle de Mendoza (Argentine) à 6h15 à bord de son biplan Caudron G3 de 80 CV, et rallie Santiago (Chili) au terme de 4h15 d’un vol épique. Epique car ce vol, elle le réalisa avec un équipement très modeste, et au péril de sa vie : pas de plans, aucun instrument de navigation, cockpit ouvert, papier journal pour la protéger du froid. Elle ignorait même quel chemin emprunter. Un indice cependant lui avait été soufflé par une femme avant son départ : « vous réussirez si, après avoir vu un lac en forme d’huître, vous laissez les vallées qui se présentent à droite pour virer à gauche sur les montagnes ». Ce qu’elle fit. Elle franchit également un col de 4200 mètres d’altitude avec un engin qui ne pouvait supposément pas voler au-dessus de 4000 mètres. Cette apparente impréparation, compensée par un mental hors du commun et une grosse prise de risque, fut ainsi à l’origine de sa renommée.
En un mot, j’ai traversé au pifomètre une chaîne de montagnes que je n’avais jamais vue.
Une renommée internationale
A son atterrissage à Santiago du Chili, elle est accueillie par une foule en délire, admirative de l’audace d’Adrienne Bolland. Ces acclamations ne sont en réalité que le prélude d’une notoriété grandissante, écho d’une prouesse aux répercussions remarquables au sein de la population d’Amérique latine. Ses cheveux ébouriffés devinrent le signe emblématique de ce vol, et demeurent encore dans les mémoires, comme le montrent les documents suivants :
De nombreux télégrammes et courriers de félicitations arrivèrent de France ou d’Argentine après sa traversée. Certains même, comme l’ambassadeur de France, eurent du mal à croire en cet exploit qui paraissait insensé à leurs yeux, qui plus est accompli par une femme, et ne réagirent que tardivement. Cette popularité ne s’est jamais éteinte en Amérique du Sud. Pour preuve : l’ambassade de France en Argentine commémore avec éclat le centenaire de cet évènement. Vingt reproductions de photos, grand format, illustrant et commémorant cet exploit sont affichées depuis le 1er avril sur les grilles de l'ambassade, avenue du 9 juillet, à Buenos Aires!
L’intrépide Adrienne Bolland a donc laissé une trace indélébile dans l’histoire de l’aviation !
Vous pouvez également lire l'article "Les 100 ans d'Adrienne Bolland, aviatrice loirétaine d’exception !" sur le site loiret.fr.